Peut-on philosopher sur l’amour sans « tuer le sujet », c’est-à-dire sans lui ôter ce qui fait sa saveur, son mystère, son importance dans nos vies ? La philosophie, avec ses concepts abstraits et ses schémas de pensée généraux, peut-elle saisir ce qu’il y a de charnel, de sensuel, d’émotionnel, de particulier dans chaque histoire d’amour ? Pour certains penseurs, la réponse est clairement « non ». Si on me passe l’image, je dirais que, pour eux, réfléchir sur l’amour avec les outils rationnels de la philosophie, ce serait comme essayer de capturer une infinité de poissons minuscules qui nagent dans tous les sens avec un filet à grosses mailles. Un projet vain et un peu ridicule. Ils estiment que la poésie, la nouvelle, le cinéma, le roman (avec des allusions autobiographiques de préférence) sont des genres bien mieux adaptés pour parler d’amour, en raison de leur absence de prétention théorique et de leur sensibilité aux aspects corporels, singuliers, de toute activité humaine . Ils considèrent que les théories générales et abstraites de l’amour produites par les philosophes sont autodestructrices, parce qu’elles font disparaître ce qu’elles cherchent à expliquer : le caractère unique de chaque rencontre amoureuse, l’intensité des émotions qu’elle suscite . 1 2 Martha Nussbaum l’écrit à sa façon claire et directe : « Nous avons suggéré que les théories sur l’amour, et tout particulièrement les théories philosophiques, ne nous offrent pas ce que nous découvrons dans les histoires [d’amour] parce qu’elles sont trop simples . » Roland Barthes est évidemment plus obscur et plus tortueux, mais il dit à peu près la même chose : « L’amour (le discours amoureux) : cela même dont le propre est de résister à la science, à toute science, à tout discours de l’unification, de la réduction, de l’interprétation . »
PHILOSOPHER OU FAIRE L’AMOUR
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