L’ART DE JOUIR

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Plaisir, Maître souverain des hommes et des dieux, devant qui tout disparaît, jusqu’à la raison même, tu sais combien mon cœur t’adore, et tous les sacrifices qu’il t’a faits. J’ignore si je mériterai d’avoir part aux éloges que je te donne ; mais je me croirais indigne de toi, si je n’étais attentif à m’assurer de ta présence, et à me rendre compte à moi-même de tous tes bienfaits. La reconnaissance serait un trop faible tribut, j’y ajoute encore l’examen de mes sentiments les plus doux.

Dieu des belles âmes, charmant plaisir, ne permets pas que ton pinceau se prostitue à d’infâmes voluptés, ou plutôt à d’indignes débauches qui font gémir la Nature révoltée. Qu’il ne peigne que les feux du fils de Cypris, mais qu’il les peigne avec transport. Que ce Dieu vif, impétueux, ne se serve de la raison des hommes que pour la leur faire oublier ; qu’ils ne raisonnent que pour exagérer leurs plaisirs et s’en pénétrer ; que la froide Philosophie se taise pour m’écouter. Je sens les respectables approches de la volupté.

 

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Plaisir, Maître souverain des hommes et des dieux, devant qui tout disparaît, jusqu’à la raison même, tu sais combien mon cœur t’adore, et tous les sacrifices qu’il t’a faits. J’ignore si je mériterai d’avoir part aux éloges que je te donne ; mais je me croirais indigne de toi, si je n’étais attentif à m’assurer de ta présence, et à me rendre compte à moi-même de tous tes bienfaits. La reconnaissance serait un trop faible tribut, j’y ajoute encore l’examen de mes sentiments les plus doux.

Dieu des belles âmes, charmant plaisir, ne permets pas que ton pinceau se prostitue à d’infâmes voluptés, ou plutôt à d’indignes débauches qui font gémir la Nature révoltée. Qu’il ne peigne que les feux du fils de Cypris, mais qu’il les peigne avec transport. Que ce Dieu vif, impétueux, ne se serve de la raison des hommes que pour la leur faire oublier ; qu’ils ne raisonnent que pour exagérer leurs plaisirs et s’en pénétrer ; que la froide Philosophie se taise pour m’écouter. Je sens les respectables approches de la volupté.

Disparaissez, courtisanes impudiques ! Il sortit moins de maux de la boîte de Pandore, que du sein de vos plaisirs. Eh ! que dis-je ! de plaisirs! En faut-il jamais sans les sentiments du cœur? Plus L’ART DE JOUIR 4 vous prodiguez vos faveurs, plus vous offensez l’amour qui les désavoue. Livrez vos corps aux satyres; ceux qui s’en contentent, en sont dignes; mais vous ne l’êtes pas d’un cœur né sensible. Vous vous prostituez en vain, en vain vous cherchez à m’éblouir par des charmes vulgivagues; ce n’est point la jouissance des corps, c’est celle des âmes qu’il me faut. Tu l’as connue, Ninon, cette jouissance exquise durant le cours de la plus belle vie; tu vivras éternellement dans les fastes de l’amour.

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