Lorsque j’ai rencontré l’amour, je m’étais dit, ça y est, je passe de l’existence à la vie et je m’étais promis de veiller à ce que ma joie demeure à jamais. Ma présence sur terre se découvrit un sens et une vocation, et moi une singularité… Avant, j’étais un médecin ordinaire entamant une carrière ordinaire. Je grignotais ma part d’actualité sans réel appétit, négociant par-ci de rares conquêtes féminines aussi dénuées de passion que de traces, me contentant par-là de copains de passage que je retrouvais certains soirs au pub et le week-end en forêt pour une gentille randonnée – bref, de la routine à perte de vue avec de temps à autre un événement aussi fugace et flou qu’une impression de déjà-vu qui ne m’apportait rien de plus qu’un banal fait divers dans un journal… En rencontrant Jessica, j’ai rencontré le monde, je dirais même que j’ai accédé à la quintessence du monde. Je voulais compter pour elle autant qu’elle comptait pour moi, mériter la moindre de ses pensées, occuper jusqu’au cadet de ses soucis ; je voulais qu’elle devienne ma groupie, mon égérie, mon ambition ; je voulais tant de choses, et Jessica les incarnait toutes. En vérité, c’était elle la star et elle illuminait mon ciel en entier. J’étais au comble du bonheur. Il me semblait que les étés précoces naissaient dans le creux de ma main. Mon cœur battait la mesure des moments de grâce. Chaque baiser posé sur mes lèvres avait valeur de serment. Jessica était mon sismographe et ma religion, une religion où le côté obscur des choses n’avait pas sa place, où la prophétie se résumait à un seul verset : je t’aime… Mais depuis quelques semaines, même le vœu pieux s’était mis à douter de sa bonne foi. Jessica ne me regardait plus avec ses yeux d’antan. Je ne la reconnaissais plus.
L’EQUATION AFRICAINE
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