Ce jour-là, Thierno l’avait encore battu. Cependant, Samba Diallo savait son verset. Simplement sa langue lui avait fourché. Thierno avait sursauté comme s’il eût marché sur une des dalles incandescentes de la géhenne promise aux mécréants. Il avait saisi Samba Diallo au gras de la cuisse, l’avait pincé du pouce et de l’index, longuement. Le petit enfant avait haleté sous la douleur, et s’était mis à trembler de tout son corps. Au bord du sanglot qui lui nouait la poitrine et la gorge, il avait eu assez de force pour maîtriser sa douleur ; il avait répété d’une pauvre voix brisée et chuchotant, mais correctement, la phrase du saint verset qu’il avait mal prononcée. La rage du maître monta d’un degré :
— Ah ! … Ainsi, tu peux éviter les fautes ? Pourquoi donc en fais-tu ? … Hein… pourquoi ?
Le maître avait abandonné la cuisse ; maintenant il tenait l’oreille de Samba Diallo. Ses ongles s’étaient rejoints à travers le cartilage du lobe qu’ils avaient traversé. Le garçonnet, bien qu’il eût fréquemment subi ce châtiment, ne put s’empêcher de pousser un léger gémissement.
— Répète ! … Encore ! … Encore ! …